Extrait de Radio CB Magazine:


Pouvez-vous nous relater vos débuts dans le petit monde de la Citizen Band ?

En quelle année, dans quelles circonstances ?

Etiez-vous alors personnellement un cibiste ou plutôt attiré par l'aspect associatif du phénomène ?


Orphée ALIAGA:


En 1978, je découvrais la CB

dans la revue "Science et Vie", et. dans un supermarché, j'achetais alors un poste 788 DX

Sommerkamp et immédiatement après, 5 appareils President et 2

Pacific Tagra, convaincu que ces appareils allaient très vite devenir

une denrée rare. Avec ie recul, je constate que je ne me trompais qu'à moitié.

Les fantastiques découvertes que me procurait ia CB me

rapprochaient très vite de toutes ies formes associatives. Quant à

l'aspect commercial, j'imaginais également rapidement que cela allait

être une véritable explosion, et là non plus, je ne me trompais pas I

RCBM: Jusqu'à aujourd'hui, pouvez-vous nous retracer votre propre

évolution ?

O.A.: L'idée qu'une organisation de toutes les bonnes volontés devait

s'effectuer très vite s'imposait avec évidence: des groupes plus ou

moins formels naissaient un peu partout. Ma formation professionnelle

m'inclinait tout naturellement soit à prendre des postes de

responsabilité dans ies associations, soit de leur donner une forme

légale lorsqu'elles n'existaient pas, C'est ainsi que fut créée ia

première série des clubs HF: HF 65, HF 66, HF 31, HF 09, HF 34, etc...

Devant l'anarchie associative de l'époque, avec un groupe d'amis, fin

1981, nous avons créé une association de DX que nous avons voulue

exemplaire.

Comme des milliers d'amis, je suis devenu India Fox. La CB et ses

constituantes ont longtemps été - et le sont toujours d'ailleurs - ia proie

d'esprits cupides, fascinés par l'obtention d'une gloire facile (même si

elle est éphémère) et la manne providentielle que pouvait procurer les

cotisations. Ainsi naquit, après ia première Fédération Française de ia

CB (FFCB), ia FNCL dirigée pendant quelques mois par le peu

scrupuleux Jean D'Avignon.

Avec la notoriété montante, j'en devins l'un des trois co-présidents.

C'était en janvier 1982. L'unité cibiste a toujours été de mise et les

grands ténors de l'époque, le 19 décembre 1982, créaient la FFCBAR

qui était un amalgame de ia FFCB-FNCL, devenue FFCBL en juin

1982, à Limoges, laquelle fusionnait avec la CNAR. En 1983, Serge

Kauder devenait Président d'Honneur de la FFCBAR. C'était un grand

Monsieur, et il le méritait, pendant que Jean Weissembacher (Jean

D'Avignon) était chassé par ses pairs. Répudié par ses amis, durant

les 17 jours de mon intérim, une assignation en reconstitution de la

FFCBL était lancée sans que l'on sache très bien pourquoi, mais

surtout sans en mesurer ies effets.

Ce n'est que 3 ans après que ie successeur de Jean D'Avignon fut

trouvé. Différents artifices permirent la mise au point d'un procès qui

dure encore, et vous en savez quelque chose puisque dans le numéro

précédent de Radio CB Magazine, vous avez cru bon, et d'une

manière fort maladroite, de prendre position sur un point

qu'apparemment vous connaissez très mal. Cet historique rapide a

surtout ie mérite de montrer que la FFCBAR est devenue une grande

organisation, aujourd'hui très enviée.

En 1990, ia FFCBAR est l'une des composantes de la CNCBA

(Commission Nationale de la CB et ses Applications) dont je suis ie

Secrétaire Général, et Mr. Galbats de Getvas (UIARAS), le Président.

Mais la défense et l'évolution de ia CB, avec ia signature de l'acte

unique de 1986 et la prochaine Communauté Economique

Européenne, a largement dépassé les frontières de l'hexagone, et

c'est ia Fédération Européenne de la CB (ECBF), dont je suis le

Secrétaire Général, qui préside aux destinées, à l'avenir et à l'essor de

la CB et de l'ensemble de ses composantes. En guise de conclusion,

je dois ajouter que si c'était à refaire, en hommage à tous ceux qui ont

compris que l'évolution de la CB passe nécessairement par l'évolution

des assxiatlons, je suivrais rigoureusement le même chemin.

RCBM: Pour vous, la CB, le matériel, les utilisateurs, les besoins, le

rôle de la CB ont-ils changé ? Comment définissez-vous les cibistes

actuels ?

OJk.i Matériels, besoins, utilisateurs: tout évolue et tout a évolué. Mais le

rôle de la CB n'a pas changé. Les cibistes d'aujourd'hui sont les mêmes

que ceux d'il y a 10 ans. Cependant, si l'on parle sur un plan général, ils

sont plus sages, plus posés et plus méritants. Il est donc tout à fait

normal que les associations, les constructeurs, les importateurs et les

professionnels s'Intéressent à eux et oeuvrent avec eux.

RCBM: Pensez-vous que la norme NFC 92412 soit toujours adaptée

aux besoins de nos concitoyens cibistes ? Quelles améliorations vous

paraissent envisageables, ou pour le moins nécessaires ?

O.A.: La norme française NFC 92412 n'est pas la plus adaptée aux

besoins des concitoyens cibistes mais c'est l'une des meilleures et les

cibistes français, grâce à la sagacité de certains grands noms de

l'Administration, comme Mr. Paul, Mr. Mongelard, Mr. Blanc et,

aujourd'hui, Mr. Georgin (CSA), ont de grandes chances de pouvoir la

conserver. Les améliorations de la normalisation se heurtent au plan

européen, aux esprits rétrogrades, à l'emprise des tenants de la CEPT,

et des améliorations, non seulement sont envisagées, mais elles sont

possibles et surtout nécessaires.

La bande des 11 mètres (27 MHz) ne peut pas être utilisée à d'autres

fins que pour la radiocommunication pour des raisons essentiellement

techniques. Les 40 canaux actuels ne sont pas suffisants. La bande

des supérieurs et celle des inférieurs, tout naturellement, doivent lui

être dévolues, ne serait-ce que pour répondre à une situation de fait.

En effet, les 40 canaux situés en-dessous et au-dessus des 40 canaux

normaux actuels sont utilisés depuis plus d'une décennie par les

utilisateurs. C'est la raison pour laquelle nous travaillons intensément

en qualité de membre partie prenante dans l'Institut Européen des

Standards de Télécommunication (ETSI). Je fais moi-même partie de

plusieurs comités techniques et travaille pour l'obtention de la totalité

de la bande. C'est dans cet esprit que déjà en prévision de la

prochaine conférence mondiale administrative, nous avons des

contacts privilégiés avec la quasi-totalité des associations

représentatives des trois régions du monde des télécommunications,

pour tenter d'infléchir la décision de l'UlT et réussir à faire reconnaître

la CB en tant que service avec un grand S, au même titre que le

téléphone ou nos amis les radioamateurs.

RCBM: Suivez-vous l'évolution de la CB hors de nos frontières ? Que

savez-vous des réglementations en vigueur chez nos voisins ?

O.A.: L'évolution de la CB hors de nos frontières est une conséquence

de nos propres entreprises. En 1990, il faut admettre que tout est lié,

mais vous le savez aussi bien que moi puisque vous êtes destinataire

de la plupart des rapports officiels, à la rédaction desquels l'ECBF

Contribue.

RCBM: Craignez-vous un revirement de l'ETSI et de la CEPT ? Avezvous

participé aux actions destinées à lutter contre la tentative qui

visait à nous imposer une norme "ETS BA" inacceptable car la FM

n'est guère exploitable entre stations mobiles ?

OJV.: Il n'y aura jamais de revirement de la CEPT et pas davantage de

l'ETSI qui est l'une de ses résultantes. La philosophie de ces

organisations européennes sur le point précis de la CB est

parfaitement connue,

Les administrations qui constituent ces entités sont hostiles aux

différentes possibilités procurées par l'utilisation de la CB ,mais le

corollaire de cette hostilité coule de source: toutes les personnes

occupant un poste de responsabilité dans les organisations cibistes,

quelles qu'elles soient, même journalistiques, ont dû élargir leurs

spécificités pour atteindre un niveau de compétence qui leur permette

d'être des interlocuteurs véritables et officiels des experts de la CEPT,

de l'ETSI, et un peu plus tard, de i'UlT, pour ne plus être des laissés

pour compte.

La démonstration sur ce point de la FFCBAR, via la Fédération

Européenne de la CB, à travers l'ensemble des associations

françaises et des membres de l'International DX, en est une illustration

magistrale.

Notre participation concernant la norme européenne ETS BA, vous le

savez, dépasse les 100% et, sur ce point, je ne citerais qu'un

exemple: en novembre 1989, 3500 lettres sont parties du siège de la

FFCBAR, qui est également le siège de l'ECBF, ce qui a permis

d'obtenir le résultat que vous connaissez bien puisque, le 5 janvier

1990, dans les locaux de l'AFNOR, vous participiez au dépouillement

de l'Enquête Publique, dont le résultat est clair. Sur 555 réponses, 553

"contre" et 2 abstentions, dont celle de TDF qui expliquait dans son

développé que la modulation d'amplitude n'était pas plus polluante ou

perturbatrice que la FM I

RCBM: Comment voyez-vous l'avenir de la CB en France ? En Europe ?

O.A.: L'avenir de la CB française est directement lié à celui de la CB

européenne. L'évolution actuelle est très rapide. Un exemple: en

Angleterre, en Hollande, etc..,, les postes FM qui répondent à la

recommandation TR20/0207 de la CEPT n'ont plus besoin de licence,

ce qui veut dire que les utilisateurs peuvent acheter un poste comme

ils veulent et s'en servir librement, sans payer ni taxe, ni licence. Il est

plus que probable que cette libéralité sera généralisée. Il s'agit là

d'une évolution dangereuse, visant à faire préférer les postes FM aux

postes dotés de l'AM et de la BLU. Les cibistes de France et d'Europe

ne doivent pas tomber dans ce piège qui tendrait à démontrer qu'une

majorité importante d'utilisateurs a opté pour la FM, ce qui comporte le

risque d'endiguer les entreprises actuellement en cours pour donner

son droit de cité à l'AM et à la BLU. Pour y parvenir, je partage

l'opinion de tous nos collègues français et européens d'offrir aux

associations représentatives en France (FFCBAR, CANAL 9. UIARAS,

AFA et SNAC) la possibilité de distribuer les licences européennes.

Des contacts et des entretiens très positifs sont déjà engagés dans ce

sens. L'avenir de la CB se trouvera tout à fait consolidé lorsque,

comme cela est déjà réalisé au plan européen, les associations

cibistes françaises sortiront de leur train-train quotidien et

comprendront que si la vocation des clubs s'oriente naturellement vers

des activités locales ou régionales, leur véritable contribution doit être

donnée dans leur rôle à jouer au sein d'une grande organisation. C'est

à ce prix que l'autonomie et la force des associations, et donc de la

CB, et, par conséquent, de l'utilisateur final, seront obtenues pour que

puisse vivre et grandir ce fantastique moyen de communication,

unique entre tous en raison de son interactivité, qu'est la CB.